« L’archéologie du christianisme dans l’Égypte du IVe siècle : études et fouilles récentes »
Résumé
Initiées en 1976, les fouilles de Douch, ancienne Kysis, dans l’oasis de Kharga, ouvrirent la voie à l’« archéologie moderne » dans le désert Occidental d’Égypte. Au cours des années, cette bourgade révélera trois églises datées du IVe siècle. Mais la première église datée du siècle de Constantin découverte dans ce désert est celle de Chams el-Din, fouillée à la hâte en 1976. Ce fut ensuite le tour d’Ismant el-Kharab, ancienne Kellis, où un autre site paléochrétien fut mis au jour entre 1986 et 2010. Au cours des trois décennies suivantes, les données premières documentant le premier christianisme visible archéologiquement se sont multipliées, bien qu’au compte-gouttes. Cette nouvelle documentation provient presqu’exclusivement des oasis du désert Occidental, où des conditions historiques et géographiques particulières permirent la conservation de nombreuses zones d’habitat datées du IVe siècle.
Cette conférence offre un survol de l’inventaire archéologique chrétien d’Égypte daté du IVe siècle et surtout des travaux réalisés ces dix dernières années. Je discuterai aussi l’organisation de ce répertoire, la datation des monuments et du mobilier, ainsi que la manière dont les informations disponibles peuvent – ou ne peuvent pas – être utilisées et analysées. Ce faisant, je présenterai les travaux conduits par l’équipe du projet ERC DEChriM, que je dirige depuis 2019.
Loin de se concentrer uniquement sur les oasis, cette présentation vise la totalité des 80 sites sur lesquels monuments ou mobilier chrétiens ont été identifiés. Le corpus assemblé par DEChriM soulève nombre de questions. Qu’est-ce qu’un objet chrétien ? Comment s’exprime cette identité religieuse dans la culture matérielle ? Que nous dit la carte des sites archéologiques chrétiens du IVe siècle quant à la diffusion de cette religion ? En quoi diffère-t-elle de la vulgate que nous ont légué les sources littéraires ? Quel récit de la christianisation du pays nous offrent la papyrologie ? Je tenterai de répondre à certaines de ces questions, en réservant d’autres pour la conférence de lundi.
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