« Écrire l’adoubement chevaleresque dans l’Europe du Nord-Ouest aux XIIe et XIIIe siècles : questions documentaires et problèmes historiens »

Résumé

L’adoubement chevaleresque était une pratique sociale caractérisée par l’oralité et la gestualité, qui ne nécessitait pas en soi une médiatisation écrite. Pourtant, l’importance de « faire des chevaliers » pour les aristocrates laïques des XIIe et XIIIe siècles est manifeste dans la documentation produite à cette époque, quoique de manière indirecte. En effet, la mise à l’écrit de l’adoubement était subordonnée à d’autres pratiques (scripturaires, en l’occurrence) : ainsi, c’est entre autres grâce à la pratique orale et médiatisée par l’écrit de la chanson de geste, qui illustre l’adoubement aux côtés de nombreux autres usages aristocratiques, qu’il est possible d’appréhender la fabrication sociale des chevaliers ; c’est aussi grâce à la pratique de la donation pieuse à un monastère, là encore médiatisée par l’écrit, que l’on peut appréhender les effets de l’adoubement, mais sous une tout autre facette tant les différences linguistiques et discursives sont grandes, sans parler du fait qu’une charte n’a pas du tout le même sens social qu’une chanson de geste. Cette présentation propose donc d’explorer les possibilités, les difficultés et surtout les avantages qui procèdent d’une étude expérimentale de l’adoubement fondée sur une analyse générique, textométrique et discursive des documents médiévaux.