La place stratégique des cités d’Asie Mineure dans les relations entre Antiochos III et l’Amphictionie pyléo-delphique
La place stratégique des cités d’Asie Mineure dans les relations entre Antiochos III et l’Amphictionie pyléo-delphique, dominée par le koinon étolien, s’inscrit dans un cadre diplomatique complexe (214-192 a.C.), marqué par une recomposition des alliances internationales et des interactions cultuelles, honorifiques et politiques parmi les puissances. L’objectif de la recherche est de démontrer comment ces cités, manipulées par les États hégémoniques, devinrent des outils de pouvoir et d’influence.
L’étude s’appuie sur des sources épigraphiques et littéraires dont trois éléments retiennent l’attention. Tout d’abord, le mémoire analysera les relations entre les Séleucides et l’Amphictionie de Delphes. Les Étoliens utilisaient cette dernière afin de promouvoir leurs intérêts en Grèce centrale et en Asie Mineure. Dans son cas, Antiochos III exploita la diplomatie religieuse pour étendre son emprise, en octroyant des privilèges et des protections aux cités anatoliennes. Cette approche servait autant à assurer une stabilité locale qu’à projeter son pouvoir sur l’ensemble du monde hellénistique. Le deuxième axe explorera l’importance des cités micrasiatiques, qui jouèrent un double rôle dans cette configuration géopolitique. D’une part, elles offraient un relais pour la politique séleucide en Asie Mineure. D’autre part, elles agissaient comme des ponts diplomatiques avec la Grèce péninsulaire, car, en quête d’asylia, ces cités cherchaient à se garantir une sécurité politique et cultuelle face aux menaces extérieures. Enfin, le mémoire analysera les pratiques d’évergétisme royal mises en œuvre par Antiochos III. Ces pratiques, qui combinaient des bénéfices matériels et symboliques, permirent de stabiliser les régions conquises tout en respectant les traditions locales. Ce double mouvement d’intégration et d’autonomie renforça les liens politiques et cultuels entre les cités micrasiatiques et le royaume séleucide.
En somme, l’étude démontrera que les interactions entre Séleucides, Étoliens et cités micrasiatiques reflétèrent un ordre international fondé sur des alliances stratégiques, des échanges symboliques et des dynamiques de pouvoir. L’Amphictionie pyléo-delphique, bien qu’affaiblie à l’issue de la période, joua un rôle central dans la médiation des tensions, jusqu’à ce que la montée en puissance de Rome et le déclin étolien redistribuent les cartes de la géopolitique hellénistique. Ce travail, qui s’appuie sur une méthodologie interdisciplinaire et comparative, propose ainsi une lecture renouvelée de la diplomatie et des relations internationales de l’Antiquité.