Maîtrise en études anciennes

Sous la direction de :

Thierry Petit (Université Laval)

Mots clés :

Épigraphie, Pompéi, Principat, politique municipale, magistrature, prostitution, restauration, femmes

Metuo legoque aedilem : perspectives politiques dans l’industrie de service de Pompéi

On compte non moins de 160 sites potentiels de bars, d’auberges, de restaurants et de bordels à Pompéi, qui forment une industrie de service qui semble être un des secteurs les plus importants de l’économie de la ville. Sur les façades de nombreuses de ces établissements furent trouvés des programmata : des notices électorales, peintes sur les murs de la ville, soutenant des candidats au duumvirat ou à l’édilité. Or, la littérature ancienne n’a pas beaucoup de beaux mots à dire à propos des popinae et des cauponae sur lesquels se trouvent ces affiches. En plus d’une marginalisation légale des travailleurs par l’infamia, tout porte à croire que l’élite municipale n’a que faire du soutien d’une telle industrie.

Pourquoi donc autant les candidats électoraux que les employés de l’industrie de service ont affiché ces programmata sur ces façades ? Quels sont donc les intérêts de ces employés de s’exprimer en politique, si leur infamia les empêche de participer aux assemblées publiques et leurs révoquent plusieurs droits de propriété ? Pourquoi ces infames étaient-ils si détestés et craints par l’élite ? Ces questions sont celles que je tente de répondre au travers de ma recherche.

Le mémoire consiste en une recherche en quatre étapes : la première est une analyse des conditions matérielles des employés de l’industrie, afin de déterminer si leur important rôle dans l’économie locale et leurs conditions de vie auraient affecté leurs intentions dans le discours politique. En soi, ces employés majoritairement féminins, si l’on en croit la littérature et l’iconographie, cherchaient un allègement de leur précarité financière. La seconde est une recherche des relations entre l’industrie de service et l’élite municipale, qui existent en raison des conditions légales exceptionnelles de certains des employés et des rôles de l’élite dans la ville, patronage inclus. Or, l’émergence d’une élite, moins conservatrice que les générations d’avant, aurait pu détendre ces relations tendues et contribuer à l’essor de cette industrie. La troisième partie se penche sur ce que disent les programmata sur les relations entre l’industrie de service, leur voisinage immédiat et le patronus local : et semble-t-il que malgré la marginalisation des employés de l’industrie, une partie d’entre eux est intégré dans le réseau de clientèle des élites. La dernière partie consiste en un commentaire sur le potentiel subversif de l’industrie de service et de perspectives différentes du monde entre le prolétariat et l’élite de l’Empire romain. Unissant esclaves, affranchis et ingénus d’une situation socio-économique très similaire dans le même lieu, la caupona avait effectivement le potentiel d’organiser les masses et de transformer leur conscience d’ordres sociaux en une conscience de classe que l’élite ne pouvait en aucun cas se permettre.

 

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